Depuis 30 ans maintenant, j’entends un peu partout cette même ritournelle qui dit que la France est en retard, sur tous les sujets, et avec toutes les variantes possibles. Je ne suis que très moyennement d’accord avec ces éternelles défaitistes qui, si on les écoutes, vous feront penser que tout est mieux ailleurs, partout, sauf chez nous. Notre pays n’est pas en retard, ça, c’est surtout une mentalité typiquement franco française que de dire et de penser que rien ne va et que tout ne fera qu’empirer. Même en ce qui concerne l’état de l’internet en France, certains, en 2023, trouvaient encore que nous étions à la traine… Mais… En fait, qu’en est-il vraiment ?
C’est donc au milieu de pessimisme persistant, qu’en février 2013, le Gouvernement a lancé le plan France Très Haut Débit (PFTHD). Cette initiative gouvernementale vise à étendre la couverture du réseau à très haut débit (supérieur à 30 Mb/s) sur l’ensemble du territoire français, afin de réduire la fracture numérique et de favoriser l’accès à internet pour tous les citoyens, qu’ils résident en zone urbaine ou rurale.
Cette initiative a permis à notre pays d’atteindre courant 2024 la 1ère position en Europe et la 3ème dans le monde (classement des pays de plus d’un million d’habitants).
Un plan en entrainant un autre, l’opérateur historique, Orange, encadré par l’ARCEP, a lancé son plan de fermeture du réseau cuivre (xDSL). Ce réseau vieillissant qui a été mis en place dans les années 70 est arrivé au bout de ce qu’il pouvait proposer et va donc laisser la place à la fibre optique, bien plus performante. Le processus a démarré en 2020 avec une phase de test s’étalant jusqu’en 2023, pour véritablement débuter en 2024 et se terminer en 2030. Pour savoir à quelle date votre commune verra la commercialisation de l’ADSL s’arrêter et basculer en tout fibre, vous pouvez consultez la carte de fermeture du réseau ADSL proposée par le site Ariase.
De manière parallèle, SFR, qui était le seul opérateur à encore exploiter un réseau câblé (FttLA) a déjà effectué la bascule vers le tout fibre (FttH) en juillet 2023 (source : SFR).
Il est vrai que les débits ont stagnés sur notre territoire durant un bon moment. En 2009 par exemple, le débit moyen était de 3 Mb/s. En 2017, il avait péniblement progressé pour atteindre les 10 MB/s. Et puis, à compter de 2018, les compteurs ce sont affolés. La fibre commençait enfin à se généraliser, jusqu’à aujourd’hui, où, en janvier 2025, 39.9 millions de locaux y sont éligibles, soit 89.35% du territoire français.
Si l’on s’en réfère au tableau ci-dessous, le débit moyen toutes technologies confondues en France est actuellement de 341 Mb/s pour les connexions filaires, sachant que la progression annuelle est actuellement d’environ 27%. Ce débit moyen estimé reste variable selon les sources. Pour le mois de janvier, le site DegroupTest indique par exemple un débit moyen de 420 Mb/s, toutes technologies confondues. Le débit moyen pour la fibre (FttH) en France est quant à lui de 569 Mb/s, les abonnements à la fibre allant de 400 Mb/s à 8 Gb/s.
Ces chiffres, glanés sur Statista, Nperf et Degrouptest peuvent varier en fonction des sources, des mois, et surtout des années.
Fin 2024, 22.975M de foyers sont déjà abonnées à la fibre FTTH.
Les parts de marché des principaux fournisseurs d’accès pour la fibre, sont les suivantes :
Orange – 8.4 millions d’abonnés.
Free – 5.5 millions d’abonnés.
SFR – 4.8 millions d’abonnés.
Bouygues – 3.7 millions d’abonnés.
Au 31 décembre 2024, 89.35% du territoire français était couvert par la fibre. Ce pourcentage devrait atteindre 98% fin 2025 (il est peu probable que ce chiffre soit atteint d’ici la fin de l’année, sachant qu’il reste 4.6M de locaux à raccorder) et 100% en 2030 avec la fermeture du réseau cuivre (source : ARCEP).
Nb : A la fin 2025 il devrait rester 670.000 locaux non fibrés. Ce sont les raccordements les plus complexes et les plus onéreux à réaliser.
Du très haut débit donc, mais pas que ! En France, nous avons bien d’autres privilèges :
– Les offres triple play. Ces offres regroupent le téléphone fixe en illimité, la télévision avec un grand nombre de chaines (de 140 à 280 selon les forfaits et opérateurs) et bien sur, un accès à internet en illimité. Ce type d’offre est peu répandu à travers le monde. Dans la plupart des pays, les fournisseurs d’accès à internet proposent un modem avec ou sans WiFi et puis… rien d’autre.
– Question prix, nous sommes également extrêmement bien lotis, avec un tarif moyen de 22€ pour un abonnement au très haut débit. L’offre la plus complète en 2025, est proposée par Free, avec un abonnement à 59.90€/ mois incluant Netflix, Prime Video, Disney +, Universal +, Canal +, le téléphone fixe en illimité, 280 chaines de télévision et un débit symétrique de 8Gb/s en Down et 8Gb/s en Up sans oublier la Freebox Ultra qui intègre le WiFi 7. A ce jour, il n’y a tout simplement pas d’équivalent ailleurs. Le seul autre forfait avec un débit identique, mais sans aucun des services annexes, est proposé dans quelques grandes villes des États-Unis par Google Fiber, pour un tarif de 150€ mensuel.
Pour suivre l’avancement du déploiement de la fibre sur le territoire et de l’état de l’internet en France, l’ARCEP met à disposition une carte consultable en ligne et référençant les différents opérateurs disponibles commune par commune. Cette carte n’étant pas forcément toujours très à jour, il reste possible de vérifier la disponibilité de chaque opérateur à votre adresse en passant directement par leurs sites.
Vous souhaitez tester votre débit internet ? Pensez à faire un tout sur le site de Nperf ou, à défaut, sur celui de Speedtest. Pour que le test soit représentatif, il ne faut qu’un seul onglet d’ouvert dans votre navigateur, qu’il n’y ait aucun téléchargement en cours, que votre antivirus soit désactivé et qu’aucun autre périphérique n’utilise de bande passante à ce moment-là.
N’oubliez pas que si votre abonnement à la fibre est supérieur à 1Gb/s, il faut que votre hardware suive : Prise réseau en 2.5G voir 10G, disque dur SSD ou NVMe, sans quoi, vous serez bridé par la vitesse proposée par votre matériel.
Alors ? Elle est pas belle la vie ? Certains diront que non, que chez eux la fibre n’est pas encore déployée, que dans le point de mutualisation (PM) d’à côté ce sont des plats de nouilles et qu’ils sont déconnectés fréquemment. C’est vrai aussi, il y a parfois des problèmes qui subsistes, mais honnêtement et d’une façon générale, ils tendent à se résorber. Gageons que même si pour l’heure la perfection n’est pas encore atteinte, dans les 5 années à venir, on s’en rapprochera. Quoi qu’il en soit, l’état de l’internet en France en ce début d’année 2025 est en toute objectivité déjà très satisfaisant, surtout au regard de ce qu’il était il y a encore à peine 7 ans.